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Photo du rédacteurJean-Gabriel Baril

Steve Beezy fait rayonner Limoilou avec son nouveau single : Jeune astronaute

Le 26 mars dernier, j’ai eu la chance de m’entretenir avec Steve Beezy, un rappeur très talentueux de Limoilou, au sujet de son tout nouveau single, Jeune astronaute. Durant une courte entrevue, il s’est exprimé sur son parcours, son quartier, ses influences et ses

projets. Après maintenant 11 ans dans le monde du hip-hop, Steve à un lourd bagage de connaissances je suis bien content d’avoir pu discuter avec lui à propos de divers sujets.


JGB : Qu’elles ont été les inspirations qui t’ont incité à te lancer dans le milieu du rap ?


SB : J’ai toujours été inspiré par ce qui se passait ailleurs, mais principalement aux États-Unis. […] De fils en aiguille, j’ai découvert qu’il y avait de gros sons francophones qui se faisaient aussi en France, mais à la sauce américaine. La majorité des trucs qui venaient du Québec n’était pas assez américains à mon gout […] C’est à force de chercher que j’ai découvert le premier beat que je trouvais vraiment bon à Québec : Double Shot. À partir de là, boum, j’ai découvert plein de trucs québécois trop bons. […] Et là, moi et mes potes, on a commencé à faire des freestyles de temps en temps. Ça sonnait vraiment bien alors j’ai commencé à écrire des verses. À partir de là, ça a déboulé. J’ai commencé à enregistrer et ma carrière a débuté.


JGB : Limoilou prend beaucoup de place dans tes textes. Qu’est-ce qui te rattache à ce quartier ?


SB : Et bien yo ! C’est ici que je suis née mon gars ! Mon père est arrivé ici en premier à cause de la guerre au Burundi et ma mère était enceinte lorsqu’elle est arrivée à Limoilou. Je crois que c’est une notion du rap que tu dois toujours rep, d’où tu viens. Tu veux montrer aux gens que ça se passe par chez vous et tu veux rendre les gens de ton quartier fier. […] C’est aussi un peu pour être une inspiration parce que qui sait ? Peut-être que si j’avais vu un dude de Limoilou devenir acteur j’aurais peut-être voulu devenir acteur, tu vois ?


« Je crois que c’est une notion du rap que tu dois toujours rep, d’où tu viens. Tu veux montrer aux gens que ça se passe par chez vous et tu veux rendre les gens de ton quartier fier. »

JGB : Lorsque tu parles de Limoilou, tu traites de son vibe, mais aussi de sa criminalité. Trouves-tu que ton quartier a changé durant les dernières années ?


SB : Ouais, il y a des trucs qui ont changé et il y a des trucs qui restent les mêmes. J’ai toujours eu des amis de partout. Back then une fille avec qui on chillait nous a demandé d’où on venait, moi et mon pote. Je lui ai répondu qu’on venait de Limoilou et elle était shook parce que son père lui disait de ne pas chiller avec du monde de Limoilou. Il disait que ça brassait dans ce quartier-là. […] Maintenant, quand tu te promènes dans Limoilou, tu vois qu’il y a des condos neufs et du monde avec beaucoup plus d’argent qu’avant. Maintenant, tu as l’impression que tu peux make it même si tu viens de là. Avant, tu n’avais pas ce feeling-là.


JGB : Crois-tu que ce soit plus difficile de percer dans une ville où la culture urbaine émergente n’est pas nécessairement mise de l’avant par les médias ? Par exemple, on remarque qu’à Montréal les rappeurs font beaucoup plus d’entrevues et sont beaucoup plus exposés sur les plateformes qu’à Québec.


SB : Plein de mes bros me demandent pourquoi je ne déménage pas à Montréal parce là-bas, ça bump et ça se passe. Tu as raison que c’est beaucoup plus difficile de percer à


Québec en ce moment, contrairement à Montréal ou à Toronto, par exemple. Mais, ça change tranquillement. Il y a 10 ans, si tu m’avais dit que certains plus gros noms du rap étaient en provenance de Montréal ou de Toronto je ne t’aurais pas cru. C’est un effet de vague. Ça a commencé à Toronto, maintenant c’est à Montréal et d’ici 4-5 ans, ça va être pareil à Québec. De toute façon, on n’aura pas le choix, le hip-hop domine les palmarès en ce moment. Anyway, le talent, ça reste le talent mon gars, si tu es bon, le monde va t’écouter, peu importe d’où tu viens. 


« Anyways, le talent, ça reste le talent mon gars, si tu es bon, le monde va t’écouter, peu importe d’où tu viens. »

JGB : Gros single qui est sorti récemment, jeune astronaute, il y a peine 1 mois et déjà plus de 10 000 visionnements. L’engouement est réel. Quelles sont tes réactions par rapport à ça ?


SB : Ça faisait vraiment longtemps que j’avais sorti quelque chose d’officiel. À date, c’est ma chanson solo qui a fait le plus de bruit et je suis vraiment content parce j’ai rejoint beaucoup de monde. En même temps, c’est un gros clip. Il y a Naomy d’Occupation double, Eman, Webster. Je suis vraiment content de la réception du public, mais je ne veux pas que ça soit les seules répercussions. Je sors un autre single bientôt et l’album sort après et je veux que le hype soit aussi gros. 


JGB : Comme tu viens tout juste de le mentionner, on peut voir Eman dans ton clip et tu as eu une collaboration avec KNLO et Vlooper sur la chanson TODO list. Ça fait longtemps que toi et les gars de Alaclair êtes en connexion ou c’est récent ?


SB : Alaclair Ensemble c’est la famille, mais les personnes dont je suis vraiment plus proche sont Eman, KNLO et Vlooper. Ma première connexion avec les gars s’est faite quand KNLO a fait un court métrage nommé L’an 2020. Les gars mon shout out et je ne les avais encore jamais rencontrés. Par la suite, je suis entré en contact avec Eman pour un premier projet vocal nommé Waves. À partir de là, à chaque fois que Alaclair était à un event, j’y allais et de fil en aiguille, KNLO m’a contacté pour un feat sur la chanson TODO list. Finalement, KNLO à gagner l’album hip-hop de l’année et j’ai une collaboration sur cet album donc shout out à toute la famille du Bas-Canada. 


« Finalement KNLO à gagner l’album hip-hop de l’année et j’ai une collaboration sur cet album donc shout out à toute la famille du Bas-Canada. »


JGB : La culture du rap à Limoilou est très dense. Vous faites des collaborations avec pratiquement chacun d’entre vous. Trouves-tu qu’il y a de la compétition dans le milieu ou bien vous agissez davantage équipe ?


SB : Je ne crois pas qu’il y ait de compétition malsaine, mais en même temps Lebron veut toujours être meilleur que Steph Curry (Haha) ! Mais Limoilou c’est un petit quartier et tout le monde est fier de la place d’où il vient.


JGB : Comme tu en as parlé plus tôt, le hip-hop est au sommet des palmarès en ce moment. Vois-tu une différence entre maintenant et lorsque tu as commencé le rap lorsque tu lances une chanson ?


SB : Ouais il y a une grosse différence. Dans le temps, le seul moyen que tu avais de faire entendre tes trucs, c’était par le biais des CD. Maintenant, à cause des plateformes numériques, on peut enregistrer une journée et le lendemain, un gars d’Ontario ou de n’importe où peut m’écouter. Dans le temps, c’était beaucoup plus dur de percer. Si tu

voulais faire du rap, il fallait que tu fasses des recherches, que tu te trouves un studio et les prix était beaucoup moins abordable qu’aujourd’hui. Maintenant, n’importe qui peut faire du rap. Donc oui, ça a changé et, selon moi, tant que ça met la culture de l’avant c’est positif. […] La seule chose qui resterait à changer, c’est la rémunération des artistes selon leur nombre d’écoutes sur les plateformes. Ça ne fait aucun sens que certains rappeurs amènent des milliers de streams et reçoivent des montants minuscules.



JGB : Récemment, tu as privilégié les singles aux albums et tu n’es vraiment pas le seul artiste à faire ça. Pourquoi toi tu fais ça ?



SB : Les singles, ça sert à amener le momentum de ton projet. En plus, ça donne une raison au public d’écouter davantage de tes trucs. Si je te demande d’aller écouter mon album, ça prend du temps. Tandis qu’un single, c’est rapide et si tu aimes ça, tu vas être incité à aller écouter mon album au complet. Cependant, il faut que les gens comprennent qu’il n’y a rien comme un bon album bien travaillé. Le single, c’est comme un teaser


JGB : À quoi on peut s’attendre pour ton prochain album ?


SB : Cet album-là va plaire autant à mes auditeurs qui sont là depuis le début qu’à mon nouveau public. Il y a eu plusieurs événements récents qui ont fait que ma carrière s’est vraiment propulsée et je sais que les attentes concernant mon prochain album sont grandes. J’ai pris le temps de bien choisir chaque détail et c’est mon meilleur projet hands down jusqu’à date. Et puis man, il faut que tu sois prêt pour du gros beat, des grosses lines. Il faut aussi que tu sois prêt à sourire, à réfléchir, mais il faut surtout s’attendre à du fu** gros sons de Limoilou !


Pour conclure, l’album de Steve Beezy qui s’intitulera Jamais Limoilou sans Moi sera disponible sur toutes les plateformes très bientôt. On a bien hâte d’entendre ça et on lui souhaite le meilleur pour la continuité de sa carrière. Restez à l’affut !

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